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“Toutes les trois avaient les dents d’une blancheur éclatante, et qui brillaient comme des perles entre leurs lèvres rouges et sensuelles. Quelque chose en elles me mettait mal à l’aise, j’éprouvais à la fois désir et épouvante. Oui, je brûlais de sentir sur les miennes les baisers de ces lèvres rouges. […]
Les trois jeunes femmes bavardaient entre elles, puis elles riaient, d’un rire musical, argentin, qui pourtant avait un je ne sais quoi de dur, un son qui semblait ne pas pouvoir sortir de lèvres humaines. C’était comme le tintement, doux mais intolérable, de verres sous le jeu d’une main adroite. La blonde hocha la tête d’un air provocant tandis que les autres la poussaient.
– Allez-y ! dit l’une d’elles. Ce sera vous la première ; nous vous suivrons.
– Il est jeune et fort, ajouta l’autre, à toutes trois il nous donnera un baiser.
Sans bouger, je regardais la scène à travers mes paupières à demi fermées, en proie à une impatience, à un supplice exquis.
La blonde s’approcha, se pencha sur moi au point que je sentis sa respiration. L’haleine, en un sens, était douce, douce comme du miel, et produisait sur les nerfs la même sensation que sa voix, mais quelque chose d’amer se mêlait à cette douceur, quelque chose d’amer comme il s’en dégage de l’odeur du sang. […]
Sur ses traits était peinte une volupté à la fois émouvante et repoussante et, tandis qu’elle courbait le cou, elle se pourléchait réellement les babines comme un animal, à tel point que je pus voir à la clarté de la lune la salive scintiller sur les lèvres couleur de rubis et sur la langue rouge qui se promenait sur les dents blanches et pointues. Sa tête descendait de plus en plus, ses lèvres furent au niveau de ma bouche, puis de mon menton, et j’eus l’impression qu’elles allaient se refermer sur ma gorge.”